Les peintres du Hangar't, de Nizon à New York

Derniers préparatifs samedi pour Yves Quentel, au premier plan à gauche, et sa troupe d'artistes nizonais. Les tableaux sont estampillés version 20 ans du Hangar't, opération New York.

Quarante-cinq peintres nizonais exposent leurs toiles au coeur de Manhattan, la capitale du pop art. Une façon de boucler la boucle pour les cousins artistes bretons d'Andy Warhol.

Depuis quelques semaines, le village de Nizon, aux portes de Pont-Aven, est en ébullition. Les peintres du Hangar't mettent la dernière touche à leurs toiles. Avant d'embarquer lundi pour New York. Destination Manhattan, lieu culte du pop art, pour y exposer une cinquantaine de tableaux. Comme un nouveau souffle pour une folle épopée commencée dans un hangar en 1992.

A la mémoire du village

C'est que l'histoire n'est pas banale. Voire un peu folle. Depuis 20 ans, les gens de la commune, les ruraux comme on dit, de l'agriculteur au plombier, du retraité au plus jeune, se sont mis à peindre la mémoire du village. En version pop art s'il vous plaît, à la manière de la Marilyn Monroe d'Andy Warhol. Poussés par le journaliste Yves Pop's Quentel, soucieux de garder les traces du passé de Nizon. Des tableaux de bois aux couleurs explosives peintes à partir de parfaites répliques de documents photographiques. Des scènes de la vie quotidienne, des portraits des anciens puisés dans les collections photographiques des habitants.

Et ça dure depuis 20 ans. Aujourd'hui, la collection pèse quelque 250 oeuvres. Des tableaux collectifs sur lesquels près de 80 personnes se sont partagé le pinceau. Alors quoi de mieux pour le 20e anniversaire que d'exposer un New York. Jeudi, à 18 h, ce sera le grand jour du vernissage à la fondation culturelle Angel Orensanz. Bizarrement, au Metropolitan Museum of Art de New York, non loin de là, se déroulera au même moment une grande exposition sur et autour d'Andy Warhol. « Du pur hasard, jure Pop's. Quoi qu'il en soit, nous serons un peu le « off », version paysans bretons, de cette expo. » De quoi, peut-être, piquer la curiosité des collectionneurs américains. « Mais nous serions bien embêtés si on nous proposait de vendre nos tableaux. Ils n'ont pas de prix et ne sont pas signés. C'est une oeuvre collective et anonyme. » Paradoxalement exposée dans la capitale du marché de l'art...

Mais qui dit New York, dit Paris. Parce que les peintres de Nizon ont plus d'un pinceau dans leur sac. Si en Amérique, c'est la version toilée, spécialement conçue pour l'occasion, qui est exposée question facilité de transport. A Paris, ce sera du lourd. 25 tableaux originaux en bois seront offerts à l'oeil du public du 15 novembre au 26 janvier, à la maison de Bretagne à Montparnasse. Si le coeur vous en dit...

Catherine GENTRIC.

(Ouest France)